Les gosses jouaient au dehors de leur coins à eux sur une terre sinistrée qu'aucune oreille n'avait perçue comme perdue..battue par les vents rouée de coups par des charrues, traînant des carcasses de bidules rouillés comme j'en voyais dans les décharges publiques de mon pays. Des jeux basics pour branleurs de bas étage je me serais exclamé mais, pas ici non pas ici. Des lendemains sans queue ni tête, des jours changeants suivant les humeurs déplacés de dictateurs des jours sans cesse remis en question par des odeurs de pourritures environnantes et provenant de je ne sais ou.
Dans un semblant de carré d'habitats après un dédale de rues compliquées voire surprenantes et presque même trop compliquées, se trouvait une jeune femme à la peau délicatement teintée de noir. Une vingtaine d'années tout au plus enfin tout au plus j'avais pensé. Une jolie fille c'est certain. Mon attention fut attirée sur la présence d'un képi blanc ayant appartenu certainement à un guerrier sur un pan de cet espace sans âge. Elle suivit mon regard et pouffa discrètement de rire. Mon étonnement certainement.. la cause de son geste presque rougit de tiédeur. Une fourragère se tenait également un peu plus loin comme un troc laissé là rappelant que la Légion était dans le coin, bienveillante.
La fille était assise sur un boudin une sorte de je ne sais quoi ressemblant à un couchage style 'j'en ai jamais vu'. Elle contemplait et c'est le mot, des images sur un catalogue francais. De la lingerie féminine à perte de vue sur des pages tâchées et déchirées. Instant suréaliste à ce moment précis au détour d'une guerre aux frontières même de ce pays sans défense qu'était la Somalie.
Je pensais deviner ce qu'elle désirait. Elle me montrait sans cesse la photo d'un mannequin légèrement vêtue d'un 'soutif'. Je lui répondis que je ne pouvais commander une telle chose au vu de la distance entre nos deux pays voire impensable de faire venir quoi que ce soit dans cet environnement hostile bientôt en guerre si ce n'était déjà fait. Sans un mot elle se leva fit un aller retour rapide revenant près de moi un étui roulé dans les mains rempli de devises africaines.
Cette princesse noire rencontrée un peu plus tôt m'avait interpellé par - toi faire l'amour chéri !
Je m'étais approché d'elle pendant qu'elle teintait ses lèvres d'un rouge à faire bander un pasteur si pasteur il y avait dans l'coin. J'avais envie d'elle enfin, disons qu'elle était attirante et il est vrai qu'à la vue de cette superbe fille à la peau presque claire j'étais resté surpris de tant de beauté. Là.. à portée de mains. A sa demande elle m'avait entraîné dans une sorte de cour enfin je pense que c'était une cour et ou sa soeur ou sa mère j'ne sais plus d'ailleurs tant les âges semblaient identiques était sortie en quittant les lieux sourire aux lèvres. Revenant sur cette planète je ne savais pas quoi faire face à la demande pressante. Hors des portes du réel aux rouages arrêtés.. plus d'heure ici plus de rêve non plus dans un endroit simplement sordide, merdique.. plus rien ne vous encourage à croire ou avancer.
Les cris des enfants se poursuivaient au dehors comme si tout était normal enfin pour eux ca l'était puisque continuant à faire rouler ces carcasses de bidules rouillés.
D'autres crevant la dalle en silence sur des sols minés de famine aux bruits des armes impatientes sur toile de fond dessinée à l'encre rouge sang comme les lèvres de cette femme de couleur. Cette beauté de fille désirant vraisemblablement ressembler à ces mannequins us ou européens de merde illustrants ces pages de merde sourire aux lèvres imperturbable dans cet enfer cauchemardesque histoire de plaire.. s'extirpant un micro millième de secondes de ces lieux.
Je suis sûr et certain qu'un prophète mystique avait, du fond de sa case, juste comme ca.. juste pour jouer.. jeté par milliers ces grappes d'hommes et de femmes au futur impensable les vouant à une fin certaine dans cette poussière de glaise brûlée sans vraiment réfléchir que lui-même était de la fête.
Aucune chance pour cette fille de s'en sortir me suis-je entendu dire.. nada! Où alors seulement un court instant traversant les murs de l'infernal en soutif de dentelle les seins balancant, libres.. et string de soie dans ces dédales de rues moribondes profitant de ces nouvelles parures juste avant de se faire flinguer. Je pense à présent avec du recul qu'elle savait.
encore une fois; il était l'Afrique..